dimanche 29 avril 2007

Quand l'angoisse pique sa crise: récit d'un phénomène souhaité maîtrisé

Je m’enfonçais vers le cœur de la Terre, la peur remontait en direction du mien. Siamoises de cœur, un tunnel vasculaire reliait depuis le premier jour nos deux organes résidentiels. Pour deux propriétaires en mal d’appartenance, la clef s’est avérée résider dans le Home Exchange: son palace d’enfer vs mon studio de glace. Ne jamais s’accorder sur les dates est la seule règle de ce combat inégal. Sa porte étant toujours ouverte et la mienne toujours fermée, l’invitation et l’effraction s’y plient parfaitement. Je m’élance et suis dans l’ordre les étapes du voyage. Après la désertion du corps vient la marche dans le tunnel noir, à la différence près que la lumière blanche au bout n’y est pas et que la seule voix qui m’accompagne est la mienne, martelant au rythme de mon poing: « reviens! ». Malgré mes petits écarts à la procédure universelle, je n’en doute pas, je vais mourir. Une fois de plus, je chemine encore qu’elle est déjà à ma porte, s’amusant de me savoir tressauter à chaque fois qu’elle fait mine de l’enfoncer. Je passe la sienne quand je vois les souvenirs m’échapper et glisser à mes pieds, comme dans ces scènes d’apocalypse où les journaux balaient la crasse du bitume, mais avec un proche voire pire, ma tête en première page. Je prends juste le temps qu’elle me laisse pour finir de me perdre dans son néant emmuré, et lorsque ce flot du passé parvient à mes yeux, c’est que déjà mon cœur est noyé. La décrue emportera avec elle les débris d’une vie par erreur et c’est par chaque noyade que j’apprends à naître de ma volonté.

8 commentaires:

Psyché la délicieuse a dit…

tout ceci est renaissance... tu es secoué par les grands vents, tu crains de te retrouver sans abri et protection contre la vie et les souvenirs...

vraiment magnifique ton texte.

DaisyB a dit…

« c’est par chaque noyade que j’apprends à naître de ma volonté. »

J'adore cette partie. Combien de fois on a l'impression de sombrer et tout à coup, on se rend contre qu'on est non seulement en vie, mais qu'on est plus fort.

Megane a dit…

psyché: touchée par ton compliment, merci; je n'aurais pas besoin de m'en protéger si je ne soufflais pas si fort qu'ils s'en retournent contre moi

daisyb: merci à Nietzche pour ce sursaut d'optimisme (Ce qui ne nous tue pas...) mais quand même, l'eau qui stagnais encore un peu dans mes poumons à la fin de cette journée m'a amenée à modérer le titre

Véronique a dit…

nouveau lien vers chez moi...

faire du ménage et lacher prise c'est très bon aussi...

Megane a dit…

je m'étais liée à ta bulle sans accord...
oui, le ménage de printemps ne cesse de m'appeler, mais les concours avant!

Jacynthe a dit…

wow c'est tellement beau ! Je viens tout juste de découvrir ton blog et je sens que je vais y passer un petit moment.

Bonne journée

* . Laura . a dit…

juste avant de passer devant la fosse aux crocodiles ( en l'occurence des examinateurs se sentant supérieurs en connaissances, qui te jugeront ..) je suis passée par ici.

merci *

et puis, ce texte m'a beaucoup touché. Finesse, et juste une délectation merveilleuse..

Moi, je veux bien me charger t'éclairer ce triste blog, si tu veux ^^ mais il n'est pas si triste, les mots sont les plus belles beautés du monde ( tout comme de belles conneries qui nous blessent ) ...

a bientôt :)

Renart Léveillé a dit…

"c’est par chaque noyade que j’apprends à naître de ma volonté."

Ta finale illustre bien la clé de la résolution du problème. C'est le contrôle qu'il faut avoir sur son corps.

Très beau texte. Apocalyptique.